J’ai lu sur un forum d’adeptes de Porsches à propos du garage 911 Montmartre : « Quand je vois le bordel sur la photo, ça donne pas envie d’y aller ». Il aurait tort. Si j’en crois les clients que j’ai rencontrés et les avis que j’ai lus, Krimo, le propriétaire du garage et l’hôte de ce lieu, est un « artiste ». Je ne peux pas en vouloir à l’auteur de ce commentaire, le garage est un véritable foutoir. Pourtant, c’est seulement aux non-mécaniciens qu’il apparaît ainsi, de sorte que pour Krimo, une vis qui nous semble perdue ne l’est en fait pas du tout, que c’est au milieu de ce bordel apparent que s’inscrit l’exercice d’une pratique éminemment rigoureuse. C’est la rencontre entre les objets « mécaniques » ou « techniques », qui ne sont pour moi que des trucs, qui appartiennent au monde du mécanicien  et témoignent de l’exercice d’un métier, rencontrent ceux, plus familiers, qui témoignent d’une habitation du lieu, parmi lesquels des photos, des pages déchirées, des brosses à dents, des mots d’amis, une théière et des bottes de menthe, qui fonde la singularité de ce lieu et témoigne de la mémoire d’un homme dont les objets qui l’environnent sont enchevêtrés dans la matière même de son existence.